C U L T U R E C Y C L I S M E
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C U L T U R E C Y C L I S M E LES LÉGENDES DU CYCLISME
1 - Ferdi KÜBLER On avait fini par le croire immortel Ferdinand Kubler, le fou pédalant. Et pourtant, il est parti à son tour rejoindre ses pairs au paradis des coureurs cyclistes. Pour nous qui nous intéressons souvent dans nos blogs ou sur le forum de Mémoire du Cyclisme au prénom d'un mys- térieux quinzième, il me semble qu'il ne faut jamais oublier de valo- riser ceux qui ont écrit la légende des cycles. A leur époque ils étaient des demi-dieux. Nos parents, ceux qui n'ont ou n'auraient pas encore cent ans aujourd'hui, jouaient aux billes avec ces héros dans les cani- veaux des villes et villages. Les anciennes gloires régionales, des indépendants pour la plupart, ont toutes un souvenir, une anecdote à raconter concernant ces champions qu'ils ont vus de près : à tel en- droit j'ai fait une prime devant Koblet, à un autre endroit j'ai devancé Bobet ou Van Steenbergen à un autre endroit encore Fausto Coppi m'a donné un boyau ou demandé des nouvelles de mes enfants, ailleurs j'ai reçu un maillot de Kubler pour l'épauler au départ d'une course. Et tout à l'avenant... En ce temps là, même les vedettes devaient aller chercher l'argent dans les grandes courses pour gagner ensuite leur vie sur les pistes ou dans les critériums. Car dans les grandes courses il fallait récom- penser les équipiers mais aussi les alliés de circonstances. On parlait beaucoup dans les pelotons. Mais je m'éloigne de mon sujet... Kubler, c'était d'abord un personnage et ensuite une vedette bien avant d'avoir gagné sa première classique ou le Tour de France. Il était de ceux qui pesaient sur une course , de ceux que Coppi ou Van Steenbergen respectaient et se méfiaient quand eux-mêmes jouaient la gagne. Quand il remporte le Tour, il en est déjà à sa onzième année de professionnalisme et pourtant ses meilleurs années sont là devant lui; Je ne vais pas vous réciter son palmarès, ce n'est pas le lieu (quoique), mais Ferdi était un personnage attachant qui aimait la vie. En 1950 quand il gagne le Tour de France Coppi et Kobler ne sont pas là, mais il y a quand même Bartali, Magni, Impanis, Ockers, Schotte, Bobet, Géminiani, Robic, Brambilla. Et quand les Italiens se retirent, surprenant tout le monde, lui le chien fou, par son intelligence et sa maîtrise de la course, dominera ses rivaux de la tête et des épaules. Ockers terminera à près de dix minutes et Bobet à plus de vingt. C'était vraiment un grand Monsieur. Le cyclisme était une épopée et pour participer à la distribution des prix il fallait le mériter au prix de souffrance, de risque et d'orgueil. Pour cela il nous faisait rêver et pour quelques uns nous fascine encore soixante ans après. Gagner le Tour de France, ça donnait le droit de participer à la tournée des critériums tant sur route que sur piste, Ferdi n'a pas échappé à la règle. On devait le retrouve chez nous à Cavaillon pour les fêtes de la Saint Gilles qui ne pouvaient se faire sans vélo. La tradition a perduré jusqu'à Eddy Merckx lui-même au vélodrome Joseph Lombard. Ferdi ne sera pas là mais gloire à lui et merci de nous avoir fait rêver. Frédéric Girard 14 janvier 2017
Photos : collection Jean-Marie Letailleur