C U L T U R E C Y C L I S M E
C U L T U R E C Y C L I S M E
LES GRANDS DU CYCLISME
1 Jean DE GRIBALDY
J'ai du retard pour célébrer Jean De Gribaldy qui nous quittait il y a trente ans le 2 janvier
1987. Voilà un grimpeur qui a eu une dimension nationale voire internationale alors que ses victoires
ont été surtout régionales. Quand on connait le nombre de professionnels à son époque et la cohorte
des indépendants qui attendaient une sélection sur le Tour de France pour franchir le Rubicon, on
relève que Jean De Gribaldy a participé trois fois au Tour de France et même une quatrième si l'on
veut bien y ajouter Monaco-Paris en 1946. C'est dire la place qu'on lui reconnaissait au niveau
national alors que l'on a du mal à trouver une continuité dans sa carrière ou ses performances.
Pour ma part je pense qu'à son époque l'équipe Peugeot équipait plus d'indépendants que de
professionnels et qu'elle ne possédait pas de leader charismatique et qu'il est plus facile de suivre
par exemple le cheminement des équipiers de Louison Bobet chez Stella. Pour preuve de ma
méconnaissance du cyclisme Franc-Comtois, c'est depuis peu que j'ai appris que Jean avait un frère
prénommé Jacques qui a lui aussi fait une carrière cycliste honorable. Même sur le plan régional
sauf en cyclo-cross, il n'était pas non plus dominateur et pourtant ça et là on le trouvait parfois au
premier plan d'une grand épreuve nationale ou internationale.
A cette époque les épreuves étaient tellement nombreuses qu'il est difficile de se procurer
même des résultats essentiels pour certaines régions. Avec une grand mère maternelle de Saint Dié et
une mère de Dole (lieu où nous passions nos grandes vacances), je devrais mieux connaître mais
j'étais trop jeune alors...
D'où la résolution de creuser la carrière du vicomte et de son frère Jacques pour vous
donner des palmarès acceptables au moins sur le plan régional.
Si le fait d'avoir notamment terminé et Monaco-Paris et le Tour de France de Robic (1947) le font
déjà entrer au Panthéon du sport cycliste, c'est plus tard, grâce à la création d'équipes cyclistes, qu'il
est devenu un incontournable du paysage cycliste.
Ses équipes, au début modestes, ont permis à des indépendants suisses et régionaux de
courir de grandes épreuves. Au moment où le nombre d'équipe diminuait comme peau de chagrin
l'équipe du vicomte a souvent rempli les vides dans les grandes épreuves et permis à nombre
de coureurs de se révéler ou de connaître leurs limites. Sa plus belle trouvaille était Paul Gutty (à qui
l'on a sûrement volé un Tour de Romandie) avant qu'il ne touche le gros lot avec le Portugais Joaquim
Agostinho, puis carrément le jackpot avec l'Irlandais Sean Kelly. La petite équipe régionale s'est peu à
peu transformé en multinationale crainte et respectée. Cela n'a pas empêché De Gri de donner sa
chance tout au long de ces années à de nombreux cyclistes franc-comtois. Il avait l'art d'aller chercher
les talents queles autres ne remarquaient pas. Pour ma région, Marcel Tinazzi et Eric Caritoux lui ont
dû leur carrière et un palmarès qui devrait faire rougirde honte ceux qui les avaient ignoré.
Tout cela parait bien naturel aujourd'hui avec la patine du temps. J'imagine pour ma part, le
temps, les déplacements, les arguments, la volonté dont Jean De Gribaldy a dû faire preuve pour
trouver chaque année des partenaires et entretenir l'espoir chez de nombreux coursiers. Tout n'a pas
dû être facile alors que dans ses rapports avec la presse il semble que De Gri ait toujours été
optimiste, amoureux de la vie.
Pour moi c'est cela Jean De Gribaldy, un travailleur infatigable amoureux de la vie et du vélo.
Je vous invite à vous rendre sur ce site créé par son neveu, vous en saurez beaucoup plus :
http://www.jeandegribaldy.com/
Frédéric GIRARD 15 janvier 2017
Photos collection Jean-Marie Letailleur